Avec mon ami teuton, Matthias, nous nous somme attelés à la réalisation d’une petite vidéo retraçant le festival de musique organisé par l’association en avril !
J’ai envie que ce blog soit le reflet complet de mon expérience. Si les moments heureux sont nombreux, et largement relatés ici, je voudrais laisser une trace de ma semaine dernière, plutôt nauséeuse. Point de détails abjects mais plutôt un état d’esprit. J’avais déjà ressenti après le festival de musique, et également les jours passés à Foça, une impression de fin de projet. Lassitude plus que « ras-le-bol », c’est l’impression « d’avoir fait le tour », l’envie de retrouver Alizée pour de vrai, de parler à nouveau français, de revoir les amis, la famille, une vie plus simple parce que dans ma langue et en terre connue. Et puis finalement les événements ont repris leurs cours et les jours ont continué de s’écouler. Enfin jusqu’à lundi dernier.
Alors que mon colocataire Fırat entamait la coupe de mes cheveux, ma tête s’est mise à tourner, la chaleur s’intensifier et mon esprit se troubler. Sans aller jusqu’à tomber dans les pommes, je n’ai pu me rétablir, malgré les pauses, et une visite finale à la polyclinique, histoire d’être sûr que rien ne clochait. Tension, pouls, toutes les fonctions vitales semblaient normalement en place mais mon corps, lui, imposait un repos forcé. Au vu des trois nuits de dix heures que j’ai ensuite enchaînées sans difficulté, je pense que la fatigue n’était pas étrangère à mon état. C’est étonnant pourtant, les seuls cas similaires auparavant étaient des situations de stress, chez certains médecins par exemple. Je ne pense pas que la coupe des cheveux m’est effrayée, il est possible par contre que je me sois mis, tout seul, une certaine pression quotidienne, qui a fini par « exploser ». Évidemment mon rythme est celui d’un volontaire, et ce n’est pas mes 11h-17h qui vont me tuer, mais mon cerveau a, lui, tendance à être en constante ébullition, et ce, parfois, à tort et à travers. Je veux dire que j’ai tendance à penser chaque sujet pendant des heures, à tordre chaque idée dans tous les sens possibles, sans parler d’un constant souci de bien faire les choses, si ce n’est la peur de mal les faire. Bref, comme me le disait mon frère Manu, « tu te prends un peu trop ma tête ! ». Et je suis persuadé qu’il n’a pas tort, et que vivre un peu plus l’instant présent et sa spontanéité pourrait m’être bénéfique. Et puis même mes « temps morts » et week-ends sont mis à contribution pour avancer des projets personnels, « casse-tête » sans fin, car sans « deadline » fixe. Les projets de « l’Atölye » occupent également une place cérébrale non négligeable. Et finalement il m’apparaissait que ma vie ici, malgré ses horaires flexibles, est, de par son immersion permanente, non-stop, et donc éreintante aussi. Ma tête étant en plus coupée en deux, une moitié ici en Turquie, l’autre avec Alizée à Paris, ça fait beaucoup de choses à gérer.
Bref une sorte d’overdose passagère, rien de très grave, surtout qu’il me reste plein de projets chouettes à mettre en place, de la sérigraphie, un éventuel journal, des murs à peindre et encore quelques week-ends à l’atelier. Et le temps du retour n’est déjà plus très loin. Il me faut donc profiter à fond de ces instants présents que je regretterai sans doute à l’avenir, quoiqu’il soit question que je revienne sur des projets à court terme ! Tout en essayant de garder un œil sur mon rythme de vie –ordinateur, sommeil, nourriture– afin de profiter pleinement de ces dernières semaines de projets.
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Néanmoins, j’ai quand même du temps pour me cultiver, et j’ai ainsi pu découvrir deux films de François Truffaut, Jules et Jim, et les 400 coups, qui, sans en être complètement fans, sont assez captivants.
Samedi, mon statut de français, du moins de « touriste », m’est revenu en pleine face. Comme souvent lorsque je suis à l’atelier, je me suis rendu dans un petit « lokanta » –restaurant– de poisson, à quelques dizaines de mètres de nos locaux. C’est loin d’être la première fois que j’y vais, mais avec le festival et toutes les autres activités, ça faisait un bon moment qu’ils ne m’avaient pas vu.
Bref, là-bas, pour quelques « liras », on peut obtenir un gros sandwich de sardine frite, largement accompagné d’oignons et autres verdures. « Réceptionné » par un jeune que je ne connaissais pas, je passe ma commande, et m’assois quelques minutes, le temps que la cuisine s’affaire. Vient ensuite le temps de passer en caisse. Ayant demandé au jeune le prix, quatre lires, je tends donc mon billet de cinq, attendant le retour de monnaie. Le tenancier me regarde étonné, « et bien voilà le ticket de caisse, qu’est-ce que tu attends ? ». « Eu, le prix, c’est quatre lires ! ». « Ah non c’est cinq ». « Ah non, le jeune m’a dit quatre ». « Oui, oui, je lui ai dit quatre ». « Ah oui pardon, bien sur, c’est quatre lires. Voilà, voilà. ».
Je ne sais pas s’il m’avait vu un peu balbutier en turc lors de la commande, mais en tout cas ma tête trahit rapidement mon statut d’étranger. Je ne suis pas totalement étonné de ce comportement, à Paris, si des chinois commandent un kebab, je ne suis pas sûr qu’ils s’en sortent à bon compte, et même cinq lires, soit environ deux euros, pour le sandwich que c’est, ça reste un prix avantageux. Mais tout de même, surtout par rapport à moi qui ne suis pas touriste ici, qui essaye de m’intégrer au mieux depuis quatre mois –et qui suis d’ailleurs bien aidé pour ça par un tas d’autres turcs–, l’impression est désagréable. Ce genre de situations n’est pas courante, à moins que je l’ignore simplement, mais en tout cas, la semaine prochaine, je ne redemanderai pas le prix et lui tendrai mes quatre lires, à prendre ou à laisser. J’ai assez de turc pour lui expliquer la situation, et s’il n’est pas content, je trouverai une autre gargote, ce n’est pas ce qui manque ici !
Ici, c’est définitivement l’été. Les trente degrés sont maintenant quotidiens. Alors je ne sais pas si c’est ça, ou les déjà quatre mois de projet écoulés, mais ça fait un petit moment que je ressentais le besoin de me changer les idées, surtout après l’effervescence du « Sokakta Müzik Festivali » (festival de musique de rue, cf mon blog professionnel http://volunteersofatolyedeneme.blogspot.com). Après un essai raté lundi, nous voilà finalement parti hier, mercredi 1er mai, également férié en Turquie, pour la plage de Kuşadası. Et c’était le pied. Dans le sable.
Première étape, le billet de bus. Et première drôle de rencontre avec Aykut, retraité turc anglophone, qui s’était mis en tête de me traduire tous les propos du guichetier. L’heure d’attente à tuer s’est muée en chaleureuse discussion avec mon voisin de chaise. J’étais bien étonné de son anglais qui, bien que loin d’être parfait, nous a permis de faire connaissance. Son « I did live » s’éclaira en apprenant qu’il avait travaillé pendant 18 ans –par intermittence– aux Etats-Unis. Il participait à l’entretien de terrains de golf. Je ne sais pas si c’est l’influence américaine, mais jusqu’à voir mon nom écrit, il était persuadé que je me m’appelais « Thimo », prononcé donc « Simo ». Il cherchait également à me louer son appartement à Bostanlı, qu’il s’apprête à quitter, pour la somme de 800 Tl par mois. N’étant pas intéressé, il m’a incité à faire passer l’information auprès de mon entourage ! J’ai fini par offrir de lui refaire le portrait, enfin au stylo hein. Il était ravi, clamant au guichetier que j’étais en train de le dessiner. « Çok benzede » –très ressemblant– a approuvé un troisième homme qui attendait également. Et finalement Aykut m’invita à venir manger chez lui le soir-même. « Ce soir, à quelle heure tu reviens ? », « et sinon, demain soir ? Parce que moi je pars vendredi pour Ankara ». C’était assez irréalisable mais partait vraiment d’un sentiment généreux. Et bien que ne pensant pas concrètement me rendre chez lui, j’étais flatté de l’offre.
Ensuite le « servis », la navette gratuite pour rejoindre « Izmir Otogar », le rendez-vous avec Guillaume, mon ami erasmus, et son couple d’acolytes, Jean-Baptiste et Mathilde et le trajet total confort jusqu’à Kuşadası. Nous avons voyagé avec la compagnie Kamilkoç, à laquelle j’avais eu recours pour mon premier trajet vers Istanbul, avec des conditions à peu près similaires : sièges douillets, thé et petits gâteaux, télévision, musique, et ici également parquet et Internet. En fait à l’aller, on n’y a même pas touché, plus occupé par nos diverses discussions avec Guillaume. Une fois à Kuşadası encore vingt minutes de marche, et nous pouvions nous asseoir sur le sable fin. Autant tout de suite vous dire, qu’ici, pas de crique sauvage, mais une ambiance « La Grande Motte », ultra touristique, avec fronton défiguré par les immeubles et même les prix en euros. Au-delà de ça, un ciel bleu, une eau transparente et un premier bain parfait. Je n’ai pas boudé mon plaisir, et cette après-midi m’a fait le plus grand bien escompté.
D’ailleurs, je ne sais pas si je dois vous le dire, mais on remet ça dimanche, direction Çesme cette fois-ci, avec un « boat trip » autour de quatre baies, ça ne devrait pas être mal…
Ps : Ah oui, comme vous le verrez sur les photos, ici, dans les champs, on ne croise pas des vaches ou des chevaux mais des dromadaires ! Ce qui me rappelle une dernière anecdote : lors du festival de musique, on a croisé samedi une chèvre errant tranquillement sur Kıbrıs Şehitleri Caddesi, la grande avenue piétonne d’Izmir. Normal.
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Musique du jour, Le repos, c’est la santé, de IAM, pour rester dans l’ambiance. http://www.youtube.com/watch?v=1p3XJE7Jpqg