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Jeudi dernier, nous étions donc de sortie avec mes camarades européens, direction Éphèse. Pour ceux qui s’en rappellent, Timothée, mon saint-patron, « contrôlait » cette mégalopole ayant compté jusqu’à 500 000 âmes. Je n’irais pas jusqu’à dire que je me sentais à la maison, mais il y avait là un clin d’œil marrant. Voir ces ruines pour de vrai était impressionnant, tranchant avec les vignettes historiques des bouquins scolaires. De 2,5 cm à 2,5 m. Il reste difficile de s’imaginer la grandeur des lieux de l’époque, mais vu les vestiges, on comprend que la ville ait pu être la seconde ville de l’empire romain. Papy ne blaguait pas !

Le lieu, renommé, est particulièrement touristique, même un jeudi midi. Le groupe, le guide, les « clichés » photographiques, parachevait cette sensation amère de tourisme de masse. Néanmoins, ça nous aura permis quelques détails croustillants. Les toilettes publiques, latrines communes, étaient la plaque tournante du « business » local. Les contrats s’y scellaient par une poignée de main virile, la droite évidemment, la gauche étant aux sales besognes.

Ps : ci-dessous, une image de mon compatriote Guillaume, prise à Sirince, village suivant sur notre itinéraire. La bourgade n’a pas grand-chose pour elle si ce n’est ses vins. Et quelques scènes pittoresques donc.

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Il y a les rencontres organisées, comme celle évoquée hier, et puis il y a tous ces moments impromptus, au quotidien, peut-être encore plus agréables parce que spontanés et inattendus ! Au détour d’un kebab ou d’une rue, le simple fait d’être français peut déclencher de drôles de  discussions.

Deux semaines environ après mon arrivée, harcelé de questions par une vendeuse du Burger King, je me débattais entre la taille de la boisson et la promotion sur les « onion rings ». Après un « teşekkür » essoufflé, je m’attablais finalement et commençais mon « repas rapide ». Mon sandwich bien entamé, ma voisine se tourna vers moi, et dans un anglais approximatif me demanda ce que je faisais à Izmir. J’avais bien remarqué quelques regards tournés vers moi lors de mon passage en caisse, mais cherchais plutôt à me faire petit. Et finalement, bien que frustré par mon turc quasi-inexistant, on a pu bavarder quelques minutes avec elle et son copain pressé de savoir quelle était mon équipe de cœur au ballon rond ! Et je quittais le « roi du sandwich » le sourire aux lèvres.

Quelques semaines plus tard, me voilà dans la rue des « bons » restaurants de Konak, du moins où la viande ne me terrassera pas selon Açelya ! Alléché par l’offre « hot-dog » + boisson pour 2,5 Tl, je m’adresse au jeune « restaurateur », qui malheureusement me répond « hot-dog, yok, yok » et tout un tas d’autres détails en turc. Je lui sors alors ma réplique imparable « Franzısım ». « Tu es français ? », « Mais d’où tu viens ? », « Qu’est-ce que tu fais à Izmir ?», « Où habites-tu ici ? » etc. Heureusement entre-temps, un petit cours m’avait permis de réviser tous ces basiques, et attendant mon kebab, nous avons palabré pendant une quinzaine de minutes avec Orhun et sa copine Buse. Le tout en sirotant le thé gracieusement offert par la maison. Je ne boudais pas mon plaisir de pouvoir entretenir cette conversation « allatürka ».

Il y eut aussi la rencontre, mentionnée lors du séjour de Baptiste, avec cet artiste de rue québécois qui, nous entendant parler français, nous interpella joyeusement de son puissant accent érable. Et à nouveau, 20 minutes d’agréables échanges.

Hier encore, esquivant l’invective d’un homme à la veste siglée Greenpeace, et maugréant finalement un petit « Franzısım »,  je me suis retrouvé, non pas à sauver la planète, mais à expliquer ma vie à Izmir.

J’avais largement entendu parler de l’accueil turc, et à quelques exceptions près, cette « légende » se voit confirmer un peu plus chaque jour. Je ne suis pas sûr qu’il en aurait été de même à Istanbul, ville bondée et étouffée de touristes. Me voilà donc bien heureux d’être smyrniote. 

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Hier, c’était mon week-end, et pourtant a eu lieu ma première rentrée des classes depuis un temps bien lointain !  Et pas n’importe laquelle puisque j’étais entouré d’élèves des quatre coins de l’Europe ! En fait, ça faisait un petit moment que je cherchais à relier le réseau Erasmus d’Izmir, et après quelques tentatives plus ou moins fructueuses, j’ai su par Serkan, mon coordinateur de projet de la « Dokuz Eylül Üniversitesi », qu’aurait lieu une semaine d’orientation pour les nouveaux arrivants du second semestre. Et à laquelle je pouvais donc prendre part sans problème.

Depuis le temps qu’on m’entend parler de projet Erasmus, et bien ça a donc finalement pris forme de manière détournée. La réunion m’avait été indiquée à 12 heures, mon ferry me déposant à 11h30, j’ai donc traîné sur la jetée pour finalement arriver à l’université et me rendre compte que la réunion était entamée depuis 11 heures. Rien de grave, je crois n’avoir pas raté grand chose, surtout que les présentations se sont poursuivies jusqu’à 16 heures passées.

Culture turque, activités prévues, détails techniques, histoire, « expo 2020 », club étudiant, les informations se succèdent, les orateurs sont plus ou moins charismatiques, les informations plus ou moins pertinentes. J’apprécierais les activités proposées par le « bureau des élèves ». Sept séjours de deux jours pour visiter et festoyer à Çesme, Pamukkale ou encore Istanbul, et des activités quotidiennes, bowling, paint-ball, ballade en vélos etc. Exactement ce que je recherchais.

Et puis surtout, des rencontres, des rencontres et encore des rencontres ! Des Français certes, quoique certains bien cools, et puis des Allemands, des Turcs, des Polonais, des Autrichiens, des Italiens. Discussions plus ou moins poussées avec les uns et les autres, une certaine ambiance « colo », du soleil, bref un bon cocktail pour le moral. Et malgré mon statut à part de volontaire, l’accueil est bon. Mes nouveaux camarades me disent que j’ai eu bien raison de m’incruster avec eux, saluent mon initiative et me feront parvenir les infos sans problème. « Güzel » !

Affaire à suivre donc, jeudi avec la visite d’Éphèse, et puis vendredi pour une soirée tous ensemble dans un bar d’Alsancak. On retiendra en tout cas l’organisation, l’accueil et la chaleur des étudiants turcs encadrant toute cette marmaille européenne.

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Et voilà, Baptiste est parti. Hier matin précisément. Baptiste, c’est mon frère. Il m’a rendu visite pour une semaine, et c’était bien cool ! Le plaisir de partager ma nouvelle vie ici. Et la joie de se retrouver, moments qui en grandissant se font plus rares.

Dimanche soir, le 10 février donc, je suis allé le chercher à « Adnan Menderes », l’aéroport d’Izmir, directement relié à « Karşıyaka » par le Izban (RER local). Arrivé prévue à 00h50 mais perturbée par un problème de bagages –Baptiste est un habitué–, bus public –et peu cher– Eshot numéro 200 loupé, navette Havaş à 10 liras le ticket, tout ça dans la bonne humeur, et autour de 2h30, nous voilà finalement à la maison. Un bon plat de pâtes, quelques discussions plus tard et après un peu d’installation, enfin au lit à 5h30 !

Mes « patrons » ont été cools, ils m’ont donné la semaine –hormis une réunion vendredi après-midi– et ça a nous a permis de bien en profiter. On a commencé lundi midi par un petit-déjeuner à la turc, mais pas la version concombre et fromage, non, nous, on a opté pour les pâtisseries et le salon de thé. C’était parfait, excepté la pluie, mais comme vous le savez maintenant, le temps ici change vite, et on a pu ensuite faire un bon tour dans le quartier. Après, la semaine a filé et  les événements se sont enchaînés.

On retiendra que le musée de la ville ferme ses portes à 17 heures, et non à 18, et vous le fait savoir en éteignant brusquement toutes les lumières. On aura vibré au « Attatürk Spor Salonu » malgré la défaite d’Arkaş, l’équipe d’Izmir, en Champions League de Volley-ball. On se souviendra de cette « partie de foot improvisée sur le bitume » –à scander sur un flow marseillais– avec les frères Özcan et leur comparse stambouliote. On aura rencontré un bon paquet de personnes au « speedating » de l’Institut français, quelques compatriotes et surtout de sympathiques turcs venus remplir mon carnet d’adresse. J’aurais croisé par hasard pour la première fois des « amis » en plein cœur d’Izmir. On restera perplexe face à la lenteur des films turcs. On aura pu déguster un véritable « döner » chez « Altın Kapı ». On saura par contre qu’après 22 heures, la broche des bons « Kebap » est totalement vide. On retournera jouer au tennis à « Bostanlı » pour 5 Tl l’heure. Surtout lorsque le soleil s’abat doucement sur la mer. On retiendra qu’il ne faut pas aller chercher bien loin pour fumer un bon « nargile ». On aura été surpris d’entendre parler québécois au « HayalBaz ». On se sera « perdu » au Bazar, véritable labyrinthe, au dire même de mes comparses smyrniotes. On aura évité de se faire entuber par le vendeur de drapeaux turcs à 7,50 liras, et non 8 ! Et on aura même trouver le temps de faire un Mc Do et un Burger King. Finalement, on se souviendra que, même si les liens fraternels évoluent avec le temps, ils n’en restent pas néanmoins toujours aussi chouettes !

Je vous laisse admirer ma vie ici à travers l’œil de Baptiste.

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En attendant la suite de mon récit stambouliote, quelques clichés. Spécialement pour ceux qui ignorent Mark Zuckerberg.

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060213. Première partie.

Pour une fois, je vais écrire cette chronique entièrement à la main. De la bonne vieille encre s’imprégnant grassement dans les pores du papier. Le fait est que je n’ai pas mon ordinateur. Et pour cause, me voilà maintenant à Istanbul ! J’en suis le premier surpris, croyez-moi.

Hier encore, je pensais tout au mieux faire quelques emplettes au Ikéa de Bornova et je suis maintenant là à squatter le 80 mètres carrés de Barış, un ami de Secil, à 3 stations de métro du vieux centre d’Istanbul.

Pourtant, mardi soir, j’étais rentré tranquillement, donnant, comme chaque jour, à manger au chat, checkant facebook, grignotant un petit goûter. Et puis je me suis souvenu qu’il serait bon d’ouvrir gmail, suite à ma demande pressante de rendez-vous auprès du Consulat français d’Istanbul. (Pour obtenir un passeport, car oui, j’ai pu rentrer en Turquie sans problème, avec ma simple carte d’identité, mais ignorais que pour effectuer une demande de permis de séjour, obligatoire au delà de trois mois, un passeport était requis.)

Et non seulement ma boîte de réception était pleine, mais en plus le Consulat me proposait « à titre tout à fait exceptionnel » un rendez-vous le lendemain à 14h30, à Istanbul donc. Je pense qu’il est bon de rappeler ici que 8 heures de bus séparent les deux villes, et qu’il était, à la lecture de ce mail, un peu plus de 17 heures.

Réflexion, interrogations, échanges téléphoniques, discussions sur facebook, prise de contact avec Ida, mon contact stambouliote de l’asso. Toute la fourmilière s’active. L’urgence n’est pas mon fort. Faire des choix pas particulièrement non plus. Et puis l’occasion fait le larron. Alors la décision est prise, ça semble jouable, « let’s do it » ! Trouver un bus est alors la mission suivante. Buşra de TREX, l’association coordinatrice, habitant en fait dans la même rue que moi, va me rejoindre et m’aider. C’était l’idée en tout cas. Car tous les poins de repère qu’elle me donne me semblent inconnus. Parle-t-on bien de la même rue ? Visualisant globalement le trajet depuis chez moi jusqu’à la mer, je me doute qu’il faut partir dans l’autre sens. Aidé d’un sms qu’elle m’a envoyé en turc et que je montre aux autochtones, je finis bon gré mal gré par arriver au point de rendez-vous. En face de la Halkbank, au coin du Efe Tur. À ce niveau se situe effectivement une officine de la Kâmil Koç, société de transports, établie depuis 1926 à en croire leur logo. À environ 15 minutes à pieds de mon appartement donc. Moi qui pensais connaître à peu près le quartier, ça m’aura au moins permis de découvrir avec surprise que la rue continue de manière exponentielle de ce côté-ci.

Buşra m’achète ainsi un billet à 50 Tl, partant à 23h56 de la gare routière que je rejoindrais avec la navette de 23 heures depuis Karşıyaka . Il est 21 heures, heureusement j’avais pu faire mon sac auparavant. Je rentre donc manger et faire quelques bisous à ma bien-aimée sur skype, et me voici à nouveau à l’angle de l’« Aksoy sokak », attendant fébrilement ma navette –fébrilement, c’est l’emphase de l’écriture, en vrai, j’étais plutôt tranquille, bien qu’une légère pointe d’excitation stressée se fasse sentir.

35 minutes plus tard, me voici à la gare routière. Ambiance survoltée, cris, tambours, chants, drapeaux turcs et rassemblements massifs de jeunes, ce soir, c’est sur, il y  match. Mais je ne vois pas de maillot et ne peux identifier les équipes en lice. En fait, point de foot –et après quelques questions à Ida dans la journée–, j’apprendrais qu’il s’agissait sûrement de jeunes partant effectuer leur service militaire, supporté pour l’occasion par leurs famille, amis, voire tout leur quartier. Avec des chants du type « notre soldat sera le meilleur soldat ». Déroutant !

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Dans tout ce tumulte, j’atteins néanmoins mon bus sans encombre, et à 23h55 le véhicule entame sa route vers Istanbul. Pour 8 heures donc. Une ambiance « colo », mais avec uniquement des inconnus. Je dors comme je peux, soit pas si mal, cumulant 5 à 6 heures d’un sommeil, malgré tout, pas tout à fait réparateur. La bonne surprise aura été l’offre « gastronomique ». Après une certaine méfiance, connaissant trop bien les prix des wagons restaurants français, je me vois abondamment et surtout gratuitement servi de thé, gâteaux, café et autres sucreries sous emballage. Je ne crache pas dessus. Le voyage passe bien mieux ainsi. Et à 8 heures le lendemain matin, nous atteignons finalement « Alibey Köy » –le « village de Monsieur Ali ». Nouvelle correspondance. Destination Taksim, le quartier du consulat où j’ai rendez-vous avec Ida à 10 heures.

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Arrivé sur place, il est à peine 9 heures. J’erre un peu, prends quelques photos de touriste, déambule dans la grande rue – encore une fois j’ai Rivoli en tête, quoiqu’ici le piéton domine–, et vais finalement me caler au « Simit Sarayı », « palace » ressemblant surtout au « Mc Do » de la boulangerie. Ida me rejoint à la fin de mon petit-déjeuner et mon séjour stambouliote peut alors enfin commencer.

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22 janvier 2013.

Ou encore « Bienvenue ». Hier soir j’ai dîné chez Hamza, un jeune diplômé en français, maniant très clairement notre langue. Et je peux dire que j’ai été accueilli comme un roi. J’ai rencontré Hamza par le biais de Serkan, le coordonnateur de mon projet SVE à Izmir. Tous deux travaillent à l’université « Dokuz Eylül Üniversitesi », accolée à l’Institut Français, à « Pasaport » (soit de l’autre côté de la baie par rapport à moi). On avait déjà passé une chouette après-midi de découverte vendredi, et le courant passant bien, il m’a donc convié pour une « soirée turque ».

Le rendez-vous était fixé à La Cigale, charmant café français dans la cour de l’Institut, où j’ai eu le temps de siroter un « kahve », café qui, au delà de la différence orthographique, a surtout la particularité de contenir de la poudre partiellement diluée dans l’eau. Un peu déroutant mais assez bon, surtout si on aime le café, le « kahve » s’apparentant au café italien. Nous avons ensuite rejoint « Buca » en bus, au plein sud d’Izmir, zone largement étudiante, assez attractive financièrement et à deux pas de l’université « Dokuz » –les locaux à côté de l’Institut Français étant seulement administratifs. Content d’agrandir encore un peu ma connaissance de la ville, le bus nous a lentement conduit à destination, heure de pointe oblige. Après un petit détour pour s’enquérir de boisson, nous arrivons enfin une heure plus tard dans sa collocation qu’il partage avec quatre amis, payant pour l’ensemble 500 Tl, soit environ 250 euros… ! Pas par personne, mais bien au total ! Ca laisse songeur ! Autre particularité étonnante, en entrant dans le hall, à priori au rez-de-chaussée, nous empruntons les escaliers pour descendre d’un étage. Et nous n’atterrissons pas dans les caves, mais bien chez Hamza. À l’entrée, nous nous déchaussons. C’est une particularité turque, tout le monde ôte ses souliers, quelqu’il soit, membre de la maisonnée ou simple convive. Par contre, on vous propose immédiatement en contre-partie une paire de pantoufles !

Je rencontre alors Soner, un des colocataires, également étudiant en français. Bonne surprise ! Bien sur je souhaite améliorer, enfin apprendre plutôt, le turc. Mais c’est toujours plaisant dans ces premiers temps de rencontrer des francophones. Son niveau ne vaut pas celui d’Hamza –qui lui est diplômé contrairement à Soner–, mais nous permet de communiquer plus ou moins sans problème ! Nous rejoint ensuite Muratcan, qui travaille également à l’université et que j’avais un peu vu vendredi.

Hamza nous prépare des spécialités de chez lui –il est originaire de Gaziantep, plein Est de la Turquie, sur la frontière syrienne. Soupe de viande et aubergines farcies. La soupe élaborée qu’il nous mitonne est un plat de fête, habituellement servie à la fin du Ramadan. Je suis allègrement servi, puis resservi, mais « attention » me prévient Hamza, en Turquie il faut finir ses plats, à défaut d’être impoli. Je lui rétorque que ça me paraît bien normal, et finalement c’est lui qui finira par caler ! Je suis repu, c’était vraiment bon, mon seul reproche étant le « koyun », la viande de mouton que je n’apprécie pas particulièrement. Il est d’ailleurs assez drôle de noter que les Smyrniotes et les Turcs de l’Ouest plus généralement, privilégient le bœuf, rejetant le mouton pour sa forte odeur, tandis que ceux de l’Est à l’inverse dénigrent le bovin pour ses effluves trop intenses ! Chacun voit midi à sa porte !

Nous passons ensuite au « petit salon », en fait toujours dans la chambre d’Hamza, outrageusement spacieuse –aisément 20 mètres carrés– pour le loyer qu’il paye ! Notre hôte sort le « nargile » dont il est un grand fan. Cracher des larges bouffées de fumée est toujours amusant, mais au delà de ça c’est vraiment un moment convivial, fait de rituels et de partages. J’apprendrai que le « nargile » original se fume avec un tabac très fort, plutôt apprécié par la génération précédente. Les hommes fument traditionnellement pendant des heures d’affilée, ayant la moustache et tout le tour de la bouche jaunie. Certains ont même, dans les cafés pour habitués, des « nargile » gravés à leur nom, dont ils sont les uniques fumeurs. Les traditions se perdent, bien que depuis quelques années le « nargile » connaisse un regain d’intérêt auprès des jeunes. Ce phénomène n’est d’ailleurs pas uniquement turc, on le voit bien en France.

Tout au long de la soirée, je fais plus amplement connaissance avec les différents convives ainsi qu’avec la culture turque. Muratcan est passionné de photographie, je frime donc avec mon Minolta Hi-Matic et pourrait sans doute me fournir auprès de lui en pellicules couleurs expirées ! On discute pas mal du cinéma turc actuel, de peinture et de diverses coutumes. Et je déguste enfin de la « Efes Pilsen », « la » bière turque, que j’essaye de goûter depuis dix jours ! Elle est pas mal, bière blonde plutôt classique mais pas mauvaise, et brassée aux environs d’Izmir !

Finalement je reste dormir chez Hamza, qui lui doit se lever à 7h le lendemain. J’ai pour ma part droit à une bonne « grasse mat’ », étant en week-end. C’est ensuite l’occasion de discuter un peu plus avec Soner, très gentil et que je reverrai sans doute prochainement. Hamza part quant à lui début février en SVE en France ! Dommage, il aura été en tout cas fidèle à l’accueil turc, dont on m’avait fait l’éloge avant de partir. Accueil d’ailleurs contredit par une scène dans le bus à l’aller, exception à la règle sans doute, où un cinquantenaire, usé par sa journée de travail, nous a demandé d’arrêter de parler français, ça le fatiguait. Comme disait Hamza, « il y a des cons partout » !

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« À Izmir, il y a deux choses que je ne comprends pas, m’expliquait Soner, les filles et le temps ». Si je n’ai pour l’instant eu aucun problème avec la gent féminine, la météo reste bien une énigme. Hier matin, en partant attraper mon ferry, je longeais les palmiers du « Hassan Ali Yücel Bulvar » et savourais un large soleil sur un ciel bleu pur. La veille au soir, je slalomais entre les gouttes épaisses. Et le matin même, les seules gouttes apparentes étaient celles ruisselant sur mon front, cavalant sous un lourd soleil pour ne pas rater le ferry de dix heures trente. Et ainsi de suite.

Açelya m’avait prévenu, « sors toujours avec ton « umbrella » » ! Un parapluie ! Alors que je serais presque tenté de sortir en maillot ! Sauf que ça ne manque jamais, et quelques heures plus tard, c’est la douche à coup sur.

Cette problématique reste épisodique, puisque tout le monde me le dit, d’ici un à deux mois, le temps deviendra vraiment bon. En attendant j’écoute Bobby Hebb. « Sunny, yesterday my life was filled with rain » ! (Et vice et versa).